L’AGRESSIVITÉ MONTE AU SEIN DES DÉBATS
Les débats sont particulièrement tendus ce matin 21 mars au sein de la commission C40 Cities, avec de nombreuses oppositions de point de vue entre les différents délégués.
Taxe sur les véhicules thermiques : Solution ou politique discriminatoire ?
Tout débute sur l’article 11 présenté, stipulant : “L’obtention du label “C40 Cities Ville du futur” impose qu’en 2050, les véhicules thermiques ne dépassent pas plus de 35 % du parc automobile total (public et privé), et la création de bornes électriques grâce à la participation de 0,00025 du PIB de chaque ville participante.”
Sydney Athènes et Tokyo proposent eux la modification suivante : “L’obtention du label “C40 Cities Ville du futur” impose qu’en 2040, toute vente de véhicules thermiques ne dépassent pas plus de 35 % du parc automobile total (public et privé) . D’ici une taxe de 10% de l’ensemble des déplacements et leur production sera interdite ainsi que la création de filières locales pour la création de batteries dès 2035 , et la création de bornes électriques grâce à la participation de 0,00025 du PIB de chaque ville participante.”
Jakarta réagit vivement, se positionnant contre cette proposition, car, pour cette ville, certains habitants de pays en voie de développement, tel que l’Indonésie, justement, n’ont pas les ressources nécessaires pour payer cette taxe. En prenant en compte le prix élevé des véhicules électriques, ils ne peuvent alors pas forcément s’offrir. Il saisit l’assemblée en ajoutant que “la transition écologique doit être un objectif pour tous et non pas un luxe pour certains”. Mais Tokyo ne se laisse pas faire face à la capitale indonésienne, s’exclamant alors sur cette réponse qui serait une preuve de la “faible ambition de ce pays” face à la transition écologique. Elle argumente ceci avec des chiffres : “Votre pays ne comporte que 700 bornes électriques, ce qui est bien loin des exigences de C40 Cities”. Sydney suit l’avis de Tokyo, mais Los Angeles réagit vivement : “Vous ne mesurez pas, Sydney, le coût de production des voitures thermiques, que certaines villes ne peuvent se permettre, en plus de ne pas avoir les infrastructures nécessaires”. Athènes, signataire de l’amendement, exprime le fait que “sans véhicules propres, l’air n’est pas respirable”, et ajoute que “cette taxe récupérée a pour objectif de stimuler la production de voitures thermiques et aider les entreprises dans leur transition du thermique à l’électrique, en leur reversant une part”. Pour Jakarta, cette taxe est inutile, les entreprises n’en ont pas besoin. Il prend l’exemple de Renault, marque de voitures qui n’a pas eu besoin de cette aide financière pour débuter sa transition énergétique. Mais Athènes a réponse à tout : “Cet argent versé facilitera la transition et grâce à cette aide la transition sera plus efficace et les prix des voitures électriques connaîtront alors une diminution qui, si elle ne se fait pas naturellement, sera imposée”.
Lima répond alors que certes les prix des véhicules électriques à l’achat baisseront, mais la recharge à travers l’installation de bornes électriques représente un grand coût”. Séoul propose lui de supprimer cette obligation de création de bornes électriques et propose plutôt d’obliger les villes leaders à aider les plus démunies”.L’amendement passe finalement.
Hausse des prix des transports en commun pour les non-résidents : injustice ou au contraire, compensation des inégalités ?
Un autre débat poignant démarre alors sur un amendement de l’article 12, stipulant que les non-résidents devront payer une taxe de 25 % sur les billets des transports en commun dans les villes membres de C40 Cities. C’est alors que Lima, New York, et Medellin se sont levés ensemble, littéralement, pour se positionner contre cet amendement, debout face à l’ensemble des délégués. Lima dit : “Nos propos sont si importants que nous nous devons de nous lever”. New York commence : “C’est avec profonde indignation que nous nous tenons devant vous, pour parler de cette décision injuste et qui menace la ville : celle de l’augmentation de 25 % du prix pour les non-résidents sur les transports.
Lima poursuit : “Comment pouvons-nous faire ça à ceux qui font vivre nos villes, les touristes ? Nous sommes victimes d’une menace qui aura des conséquences désastreuses pour la planète : les touristes préféreront utiliser des taxis et cela fera alors grimper la pollution.”
Les deux autres délégués continuent. New York s’exclame : “Jusqu’où irons-nous dans l’exclusion et dans l’absurde ? ”, et Medellin ajoute : “Comment pouvons-nous imaginer cela ?”. New York souligne aussi l’absurdité d’intégrer dans les non-résidents les travailleurs internes à la ville, mais qui vivent à l’extérieur, qui devront alors subir cette augmentation à très long terme. Ils proposent alors un amendement amical à Dubaï, principal rédacteur de l’amendement original, permettant au moins de réduire cette augmentation de 10 %, qui passerait donc à 15 %, et d’exclure les travailleurs internes non-résidents de cette réforme. “Les villes candidates devront proposer une réduction d’au moins 50 % sur les abonnements des transports en commun si le prix mensuel est au-dessus de 15 euros, pour les jeunes, les étudiants et les personnes à faibles revenus, au plus tard en 2035. Les non-résidents devront payer un supplément de 15 % afin de financer les transports publics exceptés les travailleurs internes et personnes vivant en banlieue.”
Dubaï appelle alors à un “retour à la réalité”, rappellent que ces 10 % ne représentent strictement rien, ils sont inutiles, et Dakar suit alors la délégation de Dubaï sur ce point de vue. Tokyo répond lui aussi : “Certes, cette réforme pourrait représenter une injustice, mais les transports sont payés par les résidents à travers les impôts donc il n’y a aucune raison que les touristes paient le même prix que les résidents alors qu’ils ne financent pas ces transports. Ce supplément a donc pour objectif de compenser les impôts qu’ils payent en moins”. Sydney a ajouté que cette taxe de 25 % servirait, car “comment financer cette transition si on n’accorde pas de fonds nécessaires ?”.
Malgré des avis mitigés, l’amendement est finalement passé, avec le vote de Tokyo aussi, qui avait pourtant argumenté contre. Face à ce rôle ambigu, des villes telles que Dubaï ont questionné ce changement de position, auquel Tokyo a répondu que certes, il n’était pas d’accès au début, mais que voter pour “ fait plus avancer les choses”.
C’était donc une matinée animée en débats au sein de la commission C40 Cities, avec des acteurs toujours plus opposés et des avis divergeant de tous les côtés. Mais finalement, l’engagement considérable de ces villes dans la transition écologique permet de les mener à des solutions significatives pour construire des villes toujours plus innovantes, futuristes, et surtout écologiques.
Prune EL KOUCH