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Grande intervention de Cédric Prieto, diplomate Français

Modélisation du Conseil de l’Union Européenne du 19 au 22 mars 2025

Grande intervention de Cédric Prieto, diplomate Français

Aujourd’hui, mercredi 27 avril, dans la commission parlementaire sur la question de la Biélorussie et de l’Ukraine, nous avons eu l’honneur d’écouter Cédric Prieto qui était le consul général de France à Madrid. Il est diplomate français qui s’occupe des Français à l’étranger au Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères.  Son travail est important dans cette crise car il protège les Français en Ukraine et en Russie. Il affirme que cela n’est pas toujours simple. Son intervention a été cruciale pour la commission car il a pu éclaircir les doutes des délégués en plus de nous donner des informations précieuses pour la continuité des débats.Toutes ces informations nous ont aidés à mieux comprendre le conflit. 

Avant toute chose, il a commencé sa présentation en disant qu’il fallait sortir d’une vision manichéenne, simpliste du Bien et du Mal. Même s’il y a un agresseur clair et l’agressé est très visible aussi, ce conflit est plus complexe que cela. C’est une question de géopolitique globale. 

Puis, il a continué en disant que l’histoire de la guerre s’est accélérée avec la réunion de Rammstein qui a eu lieu il y a quelques jours où la décision d’accélérer l’armement contre la Russie a été prise. L’aide militaire américaine est beaucoup plus grande. Le jeudi 21 avril, une nouvelle aide militaire de 800 millions de dollars a été donnée pour aider l’armée ukrainienne à repousser les forces russes du Donbass, quand l’Union européenne, elle, a fait une aide humanitaire d’un montant de 93 millions d’euros en faveur de l’Ukraine. 

On voit que la facilitation d’armes par l’Union Européenne n’est pas quelque chose de juridique, mais c’est ce que l’on appelle une facilitation de retour à la paix.

Nous avons pu constater depuis le déclenchement de la crise une forte accélération de l’Union Européenne (l’UE) car on peut se souvenir de la lenteur de la mise en place d’actions efficaces pendant la crise grecque et celle des réfugiés en 2015. Cela avait condamné l’UE à une sorte d’immobilisme et une situation un peu critique. On assiste de nos jours à un tournant de l’Europe et à une accélération du temps. 

Avec cette guerre, une nouvelle notion “qui était cachée sous le tapis” est ressortie : la notion de puissance. Il y a une souveraineté qui s’impose, surtout la souveraineté énergétique. Il y a deux jours, nous avons appris que la Russie a arrêté d’envoyer du gaz à la Pologne et à la Bulgarie, deux pays qui ont accueilli énormément de réfugiés ukrainiens. On sait que la souveraineté n’est pas dans le terrain de la coopération.

L’Union Européenne a pris la tête d’un mouvement de ripostes et a été immédiate avec les sanctions économiques, prête à l’accueil des réfugiés. Grâce à cette crise, quelques valeurs européennes sont ressorties comme la solidarité de la part de la Pologne par exemple. Un consensus s’est formé parmi les 27 pays de l’UE pour mener une politique de soutien. 

La nouvelle construction de l’UE intéresse de plus en plus les pays de l’Est. Si celle-ci présente une garantie de sécurité, elle redevient importante pour ces pays-là. Mais attention, il ne faut pas être naïf : on a l’exemple de la Hongrie. M. Prieto a aussi parlé de la difficulté que l’Ukraine rentre dans l’UE, car il y a encore un grand problème de corruption, même si les 27 disent que Kiev fait partie de cet ensemble. De plus, les réfugiés ukrainiens pourront avoir un accès à un statut spécial. Ils auront une aide au logement, financière, éducative, etc. 

Il est vrai que l’UE a touché la Russie d’un point de vue économique, mais ne l’a pas encore touché sur la question de la grande dépendance de cette dernière au gaz russe : 45% de dépendance au gaz avec l’Allemagne en tête et 27% pour le pétrole.

À la fin de sa prestation, M. Prieto a salué l’exercice qui était brillant, dynamique et passionnant. Il a félicité les délégués, les commissaires et la présidence pour leur implication. Cela était très motivant et ouvre les portes de l’avenir à de futurs diplomates. Notre génération peut avoir un impact et devenir un acteur-clé. 

Pour finir, il y a eu quelques questions des différentes délégations :

Belgique : Y a- t- il des aspects de la guerre qui sont mal compris ? 

Point de vue personnel de Cédric Prieto : Il y a beaucoup d’éléments qui ne peuvent pas être communiqués pour protéger les gens et pour ne pas donner trop d’informations à l’ennemi aussi. 

Il n’a pas pu et voulu donner plus d’information, car la réunion se faisait par zoom.

Espagne : Que pensez-vous de la médiation qu’on donne à la guerre ? 

Point de vue personnel de Cédric Prieto : Il y a beaucoup d’informations sur cette guerre puisque c’est à notre porte. On touche à l’identité de l’UE, ce qui fait son essence. En plus, dans l’imaginaire européen, ils se disent que les Ukrainiens sont comme nous. 

De plus, il a cette ombre gigantesque de la guerre froide. D’autres conflits n’ont pas les mêmes intérêts géopolitiques pour l’Europe et ils sont plus loin. 

Lituanie : Y a- t- il d’autres moyens de sanctionner la Russie que les sanctions économiques ? 

Point de vue personnel de Cédric Prieto : Pour l’instant, on voit que ces sanctions touchent les oligarques, mais elles sont très dures sur la population, plus que sur le pouvoir. On peut aussi faire passer des informations, mais il y a une censure et il est donc très difficile de communiquer avec la société russe. Pour l’instant, nous n’avons rien trouvé de mieux que les sanctions économiques. C’est compliqué et il n’y a pas de formule magique.

Italie : Ce conflit nécessite une mobilisation internationale ? 

 Point de vue personnel de Cédric Prieto : Il y a déjà une grande préoccupation américaine et européenne. Il n’y a pas de participation militaire, uniquement économique avec l’envoi d’armes, car on ne veut pas rentrer dans un conflit de cobelligérante. Or la Russie peut prendre cela comme une guerre directe. 

Autriche : Comment verriez-vous la nouvelle face de la géopolitique ?

Point de vue personnel de Cédric Prieto : Je n’ai pas une boule de cristal ! Il y a une préoccupation à l’idée que l’on revienne à polarité comme celle de la guerre froide. En plus d’une redéfinition des forces stratégiques. La Russie était un petit peu marginalisée depuis un certain temps. La question est comment elle va ressortir de la guerre ? Son but est de restaurer l’ancienne Russie, de récupérer le territoire utile, car la Russie est très pauvre, son PIB est pareil à celui de l’Espagne. C’est à votre génération de prendre les choses en main.

Roumanie : Comment cette guerre pourrait-elle se finir et quelles seraient les conséquences et ses scénarios ? 

Point de vue personnel de Cédric Prieto : “Il est toujours facile de commencer une guerre, mais c’est très compliqué de la finir.” Il y a une part d’irrationnel dans la position de la Russie, car Vladimir Putin veut reconstituer l’empire russe, comme je l’ai dit auparavant. Il a pu surestimer ses forces militaires. Ses forces ne sont pas aussi puissantes et maintenant on est face à un épuisement de son armée, on le voit dans le Donbass. De plus, il a sous-estimé la force de résistance des Ukrainiens et la préparation mentale de ces derniers.

Donc, il a une part d’irrationnel et d’imprévisible. On a parlé du nucléaire mais ce projet peut ne jamais voir la lumière. Les conjectures sont que la guerre terminera par un échec russe.

Irlande :  Est-ce que la population russe qui s’oppose à la guerre pourrait avoir un impact sur la guerre si elle se soulevait ?

Point de vue personnel de Cédric Prieto : Putin a pu convaincre une grande partie de la population, surtout des paysans, à suivre ses choix. Cédric Prieto ne croit pas à un soulèvement russe. Il est très difficile de l’envisager, même impossible. En plus, il n’y a pas de signes de révolte de la part des oligarques.  Donc, il est difficile de faire des pronostics.  

 

Carla LARAGNOU 

Journaliste EuroMad 2022