L’intervention d’Anne Louyot
Ce Mardi 16 Juin, nos ministres de la Culture de l’EuroMad ont eu le grand plaisir d’accueillir la conseillère de la coopération et d’actions étrangères de l’ambassade de France à Madrid, Anne Louyot, parmi eux. Madame Louyot, ayant travaillé notamment en Hongrie et à Berlin lors de la chute du mur a su fasciner nos ministres en exprimant l’importance, selon elle, du plurilinguisme, de la protection du patrimoine culturelle européen ainsi que du partage entre nations et de l’exploration culturelle et linguistique au niveau scolaire en Europe. Au long de son intervention, celle-ci a effectivement eu l’opportunité d’éclairer nos ministres sur plusieurs des sujets débattus au sein de la commission – du plurilinguisme jusqu’aux relations d’échanges culturelles qu’on devrait avoir avec les pays colonisés, par exemple.
« Le plurilinguisme a vertus de mobilité physique, mais aussi intellectuelle »
Selon Madame Louyot le plurilinguisme aurait plusieurs vertus, « il nous vient en aide quand il s’agit de mobilité physique, mais aussi quand il s’agit de notre mobilité intellectuelle ». Effectivement, elle nous explique qu’un « enfant bilingue passe plus facilement d’un concept à un autre et il détient alors l’accès plus facile à une plus grande variété de savoirs ». De plus, « il est clair qu’on va mieux travailler avec un Allemand quand on parle l’allemand au lieu de vouloir lui parler en anglais, même si on le parle couramment » – cette bonne coopération entre états et personne de nationalités différentes est absolument vital dans la construction d’une Europe forte.
Un des thèmes primordiaux lors de n’importe quelle modélisation de débats, que ça soit des Nations Unies ou autre, est bien évidemment la coopération entre ses différents états. Cependant dans le cadre de l’Europe, cette coopération est particulièrement importante quand on s’intéresse au futur disputé de l’Union Européenne – le plurilinguisme pourrait-il nous apporter une réelle solution ?
Pour notre conseillère française, c’est bien le cas. Il faudrait absolument augmenter et développer de manière sérieuse les compétences linguistiques de notre continent, non seulement pour le bénéfice individuel de nos élèves de secondaire, mais aussi pour le bénéfice général de l’union et alors de nos états. C’est sur ce ton, qu’il nous est expliqué que le combat se mènerait actuellement en Espagne où l’apprentissage d’une troisième langue vivante et étrangère après l’anglais n’est pas aussi évident qu’on pourrait le croire. C’est pour ces raisons, parmi d’autres, qu’Anne Louyot se bat en ce moment dans cette nation déjà bénie d’une impressionnante variété de langues régionales.
« En Espagne, on devrait plus apprendre l’arabe »
Les questions posées par les nombreux ministres de la culture ont pu amener la conversation plus loin que le plurilinguisme tout simplement à l’échelle européenne. La question des langues non européennes s’est alors installée. En affirmant qu’ayant elle-même étudié longuement le russe, la confirmation que les langues non européennes auraient une grande valeur et importance pour nos étudiants européens est donné. En Europe, par contre, il faut bien commencer quelque part, et selon notre invitée, il est plus sensé, de commencer en étudiant les langues qui nous sont plus proches avant de s’attaquer à certaines langues qui n’appartiennent pas à l’Union Européenne.
Elle nous explique également, par contre, que cela dépend du pays en question et que dans le cas de l’Espagne, par exemple, étant donné la proximité géographique mais aussi culturelle, depuis la domination arabe, avec l’Afrique du Nord, qu’elle encouragerait l’apprentissage de l’arabe pour les jeunes Espagnols. En outre, cela pourrait être une façon d’ouvrir la conversation avec certains migrants arabophones s’installant en Espagne.
Madame Louyot a également affirmé que la possibilité d’étudier des langues dites « rares » telle que les langues régionales, en France, en Espagne ou ailleurs devraient être admises et qu’une bonne idée serait d’instaurer un système de professeurs « dormants » – c’est-à-dire que si un professeur d’allemand, maîtrise aussi le néerlandais, il devrait être donner la possibilité enseigner cette matière secondaire, de façon informelle.
Comment ouvrir le dialogue avec les anciens pays colonisés ?
Après une question sur les relations qu’un pays colonisateur devrait entretenir avec un pays précédemment colonisé, spécialement quand il s’agit de promouvoir sa langue et sa culture, il nous a été vivement conseillé de partir d’une position « d’échanges culturels » au lieu « d’imposer » d’une certaine manière l’apprentissage de sa langue sur autrui. Toutes les langues se forment tout d’abords des échanges interculturels entre peuples et c’est cela qui fait la richesse de la langue. Même si la situation peut être très compliqué, il faut qu’on essaye de comprendre et de partager avec les anciens pays colonisés.
Concernant, les traumatismes et les potentielles « erreurs » du passé coloniale ou autre d’un pays, il ne faut jamais qu’un état distribue une lecture officielle de l’Histoire car l’Histoire ne se fait pas d’un seul point de vue ni d’une seule expérience. C’est l’agglomération d’expériences et d’opinions variés qui font l’Histoire.
« Il ne faut pas que l’Europe, ni quelconque pouvoir, raconte une version unique de l’Histoire – toutes les expériences divergentes de l’Histoire, à moins qu’elles soient complètement injustifiables devraient être acceptées. »
« Il faut arrêter de consommer sur Netflix ou Amazon Prime ! »
Finalement, en abordant le sujet de comment renforcer la culture européenne face aux pouvoirs Américains ou Asiatique, la conseillère a incité nos jeunes tout simplement à cesser de consommer chez eux. Si nous leur donnons des fonds, il est naturel que des compagnies telle que Netflix ou bien Amazon Prime aient une telle influence. Si nous voulons renforcer la culture européenne, il faut que nous consommions européen !
Gregory Ryan (Groupe Presse de l’EUROMAD)